Gina Bianchi

Manigod

Lorsque je suis venue à Manigod, après avoir accepté de participer au parcours d'Art Contemporain Thônes Expositions (ACTE1), mes premières impressions ont été l'émerveillement et l'effroi ! Impossible d'imposer une œuvre pleine et monumentale dans ce paysage grandiose, ce serait vraiment prétentieux et illusoire. Impossible, devant un tel panorama de poser une œuvre qui essaierait de concurrencer une telle perfection !!!

Je suis allée à la rencontre du passé et plus précisément des traditions textiles à Manigod, accompagnée par Anne Veyrat-Charvillon, qui m'a communiqué son enthousiasme et son savoir. Nous avons discuté longuement de la vie des femmes à Manigod, de leurs goûts pour les jolies choses comme la coiffe à chichis, malgré les durs travaux et le peu d'argent. Et puis nous avons échangé " os réflexions de femmes " sur la vie en général aujourd'hui et dans le passé, sur nos propres souvenirs ;… et cet échange très riche m'a permis de démarrer mon travail.

Alors, après avoir rêvé humblement devant ce paysage, qui pour être grandiose n'en n'était pas moins extrêmement dur à vivre pour ces femmes du passé, il m'a semblé que le seul travail possible était une fenêtre sur les montagnes de Manigod. Une fenêtre comme une transposition symbolique du travail de ces femmes courbées pendant des heurs sur des dentelles et/ou broderies, vers la fenêtre pour profiter de toute la lumière possible, mais sans doute avec une maigre lampe, durant les jours d'hiver.

Poursuivant mon travail, mon chemin à la rencontre des femmes " traditionnelles ", et vers l'expression de la " féminitude ", j'aimerais dresser une fenêtre symbolique, transparence et regard vers les montagnes, fenêtre revêtue de " dentelles ".

Une œuvre en transparence qui ne cherche pas à s'opposer au panorama, mais au contraire qui permet de le voir, de le regarder, de le découvrir, de le re-découvrir, au travers de cette fenêtre symbolique.